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Marilyn Monroe "La MM que j'aime "
7 septembre 2012

Marilyn Monroe - Biographie 1926 -1951.

La jeunesse de Marilyn

Ce matin-là, Maf ne comprenait pas l’agitation inhabituelle qui régnait dans la maison. Il ne comprenait pas qu’il y ait tant de monde circulant dans la résidence de sa maitresse et que personne ne prenne le temps de jouer avec lui, de lui lancer ses peluches. Des gens en uniformes, des journalistes, des amis, des voisins s’activent tout autour de lui et ne remarquent même pas sa présence. Le pauvre caniche blanc ignorait qu’en cette nuit du 4 au 5 août 1962 Marilyn venait de s’éteindre. Tippy, lui, quelques trente ans plus tôt, sait que la petite Norma Jeane va bientôt sortir de l’école et jouer avec lui. Le petit chien et la fillette blonde aux yeux clairs  rejoindront ensemble la maison des Bolinder et continueront à s’y amuser.

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Ida et Albert Bolinder sont les piliers d’une famille unie, pieuse et modeste. Ils ont un fils adoptif, Lester, et vivent paisiblement à la périphérie de Los Angeles. Depuis le 13 juin 1926 en tant que famille d’accueil ils ont en charge Norma Jeane. Celle-ci voit le monde 12 jours plus tôt, le 1er juin à 9h30 au General Hospital de Los Angeles. Sa mère biologique Gladys Pearl Baker, née Monroe, est déjà maman de deux enfants, Berniece et Hermitt Jack, fruits de son union avec John Newton Backer. Après leur rupture, le divorce sera prononcé en août 1928,  John emmena ses 2 enfants dans le Kentucky. Gladys ne les revu que très rarement et autorisa la garde permanente à son ex-mari.

Nul ne saura jamais qui fût le père de Norma Jeane bien que le nom d’Edward Mortenson apparaisse sur l’acte de naissance. En effet, à cette date ce dernier avait déjà disparu de la vie de Gladys. Elle l’avait épousé en octobre 1924 mais 11 mois plus tard une procédure de divorce fût déclarée. Gladys, trop frivole, ne pouvait se résoudre à avoir une vie stable et sage auprès d’un seul homme et préférait les sorties entre amies.

Charles Stanley Gifford, contremaître, travaillait comme Gladys à la société Consolidated Film Industries, peut aussi être associé à une éventuelle

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paternité mais aucun témoignage n’a apporté preuve ou piste légale. Gladys ayant eu beaucoup d’amants à cette période il est très difficile de connaître la vérité sur le nom du père du nouveau né. Elle ne demandera jamais rien à Gifford pour l’éducation de sa fille et lui ne tentera jamais de connaître l’évolution de la vie de la petite et se désintéressera même des tentatives de contact de la future Marilyn.

Quoi qu’il en soit, Norma Jeane voit le jour sans présence paternelle à ses côtés. Le prénom « Norma » viendra de la fascination de Gladys pour l’actrice Norma Talmage qui fût une star du cinéma muet pour qui l’apparition du « parlant » signera la fin de sa carrière. La deuxième partie du prénom (Jeane) n’a rien à voir avec Jean Harlow dont le vrai nom était Harlean Carpenter et qu’elle n’en changera qu’en 1928.

Gladys put payer les frais d’hospitalisation grâce à une quête organisée sur son lieu de travail, par son amie Grace Mc Kee. Celle-ci est la contrôleuse des tâches effectuées par Gladys. Elles se connaissaient bien avant 1926 et profitaient à leur manière de leur célibat en multipliant les fêtes et les virées nocturnes. Le bébé fût déclaré officiellement au California of Health’s Bureau of vital statistics.

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Gladys doit rapidement reprendre son travail à Hollywood ou elle est monteuse de films. Tous les jours elle voit défiler sous ses yeux des kilomètres de rushs sur pellicule ou acteurs et actrices du moment se métamorphosent et donnent à rêver aux spectateurs. Les grands réalisateurs de l’époque sont, entre autres, Cecil B. DeMille et John Ford. Elle prend conscience qu’elle ne peut s’occuper de son enfant. C’est alors, sous les conseils de sa mère Della, qu’elle place son bébé chez les Bolinder, de proches voisins, moyennant une pension de cinq dollars par semaine. Ce placement met en évidence l’incapacité de Gladys à élever son enfant et d’en endosser toutes les responsabilités. Le passage d’années de bonheur passées avec Grace a l’état de mère était certainement trop brutal pour la jeune maman.

Les Bolinder, qui fréquentent l’église Pentecôtiste Unie, inculquent une éducation très stricte à Lester et Norma Jeane. Albert est postier et Ida femme au foyer. Elle garde un ou plusieurs enfants et s’occupe aussi de sa paroisse pastorale. La tendresse, l’humour, les « sottises » d’enfants sont proscrits.

Della la grand-mère de Norma Jeane se fait de plus en plus présente et menaçante et voudra à maintes reprises s’occuper de l’enfant. Gladys et les Bolinder s’y opposeront farouchement.

Les premières années de Norma Jeane défilent donc, entre éducation sévère et encadrée de sa famille d’accueil et les visites hebdomadaires, mais

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au fil du temps irrégulières, de sa maman.

En 1929, elle est inscrite à la Hawthorn Community Sunday School. Manquant de repères, de père inconnu et d’une mère présente de manière sporadique, Norma Jeane n’en reste pas moins une enfant facile à vivre, enjouée et disciplinée. Elle vit entourée des principes religieux imposés par Albert et Ida. C’est à cette époque que les Bolinder acceptent que Tippy, un petit

tippychiot bâtard noir et blanc, reste chez eux à la condition que sa petite maîtresse s’en occupe correctement. Malheureusement, quelques années plus tard, un voisin perturbé par les incursions à répétitions du chien chez lui le tuera d’un coup de fusil. Lester et Norma Jeane furent très attristés par la disparition de leur « ami ».

Norma Jeane découvrira le monde scolaire en 1932 à l’école de Hawthorne toute proche du domicile des Bolinder.

1933 marque une date importante dans la vie de Norma Jeane. En effet sa maman trouve les moyens financiers d’acheter à crédit une petite maison près de Hollywood Bowl. Elle décide de s’y installer avec sa fille qui laisse donc derrière elle 6 années chez les Bolinder et entame pour la première fois de son existence une vie commune avec sa mère. Gladys n’est pas plus prête qu’il y a sept ans à s’occuper de son enfant mais sa conscience lui impose de se consacrer à sa vie de mère. Pour s’assurer une petite rente Gladys loue à un couple d’Anglais et à grande fille, travaillant, lui comme acteur et elle comme figurante, à Hollywood, une grande partie de la maison. Celle-ci, meublée, possède un piano que la petite fille sait déjà maîtriser grâce aux leçons qu’elle prenait chez les Bolinder, payées par Gladys.

Norma Jeane apprend à découvrir sa mère, à mieux cerner ce qu’est un sentiment maternel. Mais elle reste une enfant solitaire. Elle rentre à l’école élémentaire de Selma Avenue, inscrite sous le prénom de Norma Jean. L’absence du e en fin de Jean se reproduira souvent portant la confusion sur la réelle épellation de ce prénom.

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Grace Mc Kee côtoie régulièrement la maison nouvellement achetée. Elle est très liée à Gladys et se prend d’affection pour Norma Jeane qui découvre d’autres horizons que ceux inculqués dans sa famille d’accueil. Elle se rend au cinéma, va au restaurant et passe de nombreuses soirées à s’extasier devant le comportement  très expressif du couple d’Anglais. Boissons, (malgré les lois sur la prohibition), cigarettes, musique qui incarnaient le « mal » chez les Bolinder semblent être des notions jouissives lors de leur pétillantes soirées. Gladys et Grace qui travaillent pour la même société s’organisent pour occuper la jeune fille du mieux possible et c’est en la laissant au cinéma qu’elles trouvèrent le meilleur compromis. Cinémas qu’elles fréquentent aussi toutes les trois les week-ends prolongeant leur temps libre dans les quartiers d’Hollywood. Ce quartier devient le point de départ de l’âge d’or du cinéma américain ou sont concentré 95% des productions de film effectuées par les huit grandes sociétés de production.

C’est au cours des années 1934-1935 que Grace se rend compte que l’état dépressif de Gladys s’amplifie. L’aggravation de son état de santé lui impose des séjours plus ou moins longs dans des établissements spécialisés. Durant ses absences c’est le couple d’Anglais, les Atkinson, et Grace qui prennent en charge Norma Jeane. Celle-ci ne voit plus que très rarement sa mère et c’est avec énormément de tension que se déroulent les retrouvailles. Grace finie par être internée dans un premier temps au General Hospital de Los Angeles puis à Norwalk State Hospital. Gladys n’est pas « folle » mais plutôt soumise à des dépressions à répétitions, mal diagnostiquées pour l’époque et donc mal soignées. Cette étiquette de folle la suivra toute sa vie et sera l’un des points anxiogène et angoissant pour Marilyn, qui craignait une hérédité familiale de cette maladie.

Les Atkinson retournèrent en Angleterre et Norma Jeane alla s’installer chez les Giffen, des voisins qui gardaient déjà de nombreux enfants. Ceux-ci demandèrent à adopter la jeune fille avant leur départ pour le Mississipi. Mais Gladys du fond de son internement et dans un moment de lucidité refusa cette demande. De son côté Grace faisait les démarches pour devenir la tutrice légale de Norma Jeane. Durant la même période elle se maria à Doc Goddard qui vit d’un mauvais œil la proposition de sa femme de garder la jeune fille avec eux. Le couple vit petitement dans un minuscule bungalow et la charge de Norma Jeane n’est pas du goût de Doc. Grace n’est plus en osmose avec ses ambitions pour la jeune fille. Son mariage l’empêche de se consacrer uniquement à Norma Jeane et au destin qu’elle pense lui avoir trouvé. Après lui avoir fait miroiter un futur digne de Jean Harlow, de s’être débattue avec les tracasseries administratives pour devenir sa tutrice, elle envisage d’abandonner sa protégée une nouvelle fois à son sort.

 

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En ce mois de septembre 1935 la vie de Norma Jeane bascule une nouvelle fois et c’est le cœur serré et en en voulant à Grace qu’elle fait son entrée au Foyer d’orphelins de Los Angeles. Elle n’est pas une orpheline et le crie haut et fort. Les sources divergent quand à ses années passées à l’orphelinat. Beaucoup de discordances dans les souvenirs de chacun et notamment de Norma Jeane mais on ne peut remettre en doute les sentiments d’abandon, de solitude et de perte de repaire qu’a enduré la jeune fille durant ces mois d’orphelinat.

C’est Grace qui finance les 15 dollars par mois de pension et c’est elle aussi qui la sort de l’établissement le week-end, lui proposant des

kiupromenades destinées à la distraire. Elles déambulent dans les magasins de vêtements, de parfums, chez les coiffeurs et surtout dans les salons de maquillage que Norma Jeane apprécie plus que tout. Du temps est aussi réservé au cinéma. La jeune fille en raffole. Sa mère qui travaillait dans l’industrie du 3ème art a baigné sa fille d’histoires cinématographiques. Le couple d’acteurs Anglais a narré lui aussi, lors de soirées dans la villa de Gladys, les nombreuses facéties que peut véhiculer le monde du grand écran. Jean Harlow, la Bombe Platine qui a déjà tourné plus de trente films et est au sommet de sa gloire, est une vraie fascination pour Norma Jeane tandis que Clark Gable, qui triomphe cette année là dans « Les révoltés du Bounty », devient bien plus qu’un acteur à ses yeux. Elle imagine le père qu’elle n’a jamais connu sous les traits de l’acteur légendaire. Accompagnée de Grace elle ne rate jamais la sortie d’un film ou ses héros sont en tête d’affiche.

Elle commence à se « pomponner », s’identifie aux actrices qui font la une des affiches des cinémas qu’elle fréquente. Elle ne cesse de rejouer les scènes qu’elle a vues le jour même endossant d’innombrables rôles féminins. De sa chambrée de l’orphelinat elle peut voir scintiller au loin les lettres géantes accrochées au toit du studio de cinéma de la RKO (Radio-Keith-Orpheum  Pictures). Marilyn tournera dans ces Studios : « Love Happy » en 1949 et « Clash by night » en 1951. La RKO produira et distribuera de nombreux films à grand succès comme : Le dessin animé de Disney « Blanche neige et les sept nains », « King Kong »,  « Citizen Kane », « Quasimodo »…

Au début 1937 Norma Jeane traverse une période encore plus difficile. Grace n’est pas venue la voir depuis de nombreuses semaines et la jeune fille se renferme sur elle-même. Elle en voulait énormément à Grace de l’avoir placé dans cette établissement pour orphelins et le fait de ne plus venir la voir régulièrement hâtive sa rancœur. Elle devient anxieuse et est sujette à de nombreuses petites maladies. Son petit bégayement se développe un peu plus. Bien qu’elle ne soit que très rarement seul c’est un sentiment de solitude qui rythme sa vie de tous les jours, et cela même si elle est assez occupée entre l’école et l’orphelinat.

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En juin, Grace devient officiellement sa tutrice légale et lui fait quitter l’orphelinat. Elle l’héberge quelque temps chez elle et son mari mais doit à nouveau placer Norma Jeane dans une famille d’accueil. Marilyn mentionnera à plusieurs reprises que ce choix avait été motivé par le comportement ambigu de Doc, le mari de Grace, envers elle.  Ida Martin accueille Norma Jeane et devient une nouvelle mère de remplacement. Elle habite tout près de Los Angeles à Lankershim. Elle faisait un peu partie de la famille puisque son fils Olive avait épousé le frère de Gladys. Norma Jeane fait donc connaissance de ses cousins éloignés et à peu près du même âge qu’elle. Grace continue à lui rendre visite et lui donne des nouvelles de sa mère toujours internée. Pour ses 12 ans (juin 1938) elle la gâte en lui achetant une belle robe, en l’amenant chez le coiffeur et en la maquillant. Totalement transformée elle lui offre aussi une séance chez un photographe, l’une des premières séances chez un professionnel.

En août Grace décide de faire revenir l’adolescente à Los Angeles. D’une part pour pouvoir l’inscrire dans un lycée qu’elle-même avait fréquenté

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mais aussi pour pouvoir gérer au mieux son avenir. Norma Jeane est placée chez la tante de Grace, Ana Lower. Elle est la sœur du père de Grace et elle leur prête gratuitement une de ses maisons. Très vite elle s’y sent bien et ressent beaucoup de sentiment venant de celle qu’elle surnommera « Tante Ana ». Elle vit des moments paisibles, rassurée par l’affection qui lui est donnée. Ana est de bon conseil, l’aide à se construire et tente de lui faire prendre confiance en elle, chose qui n’est pas facile à cette époque pour sa nouvelle pensionnaire. Norma Jeane découvre petit à petit ce que les années d’orphelinat lui ont empêché de vivre. Mais avant tout elle commence à mesurer les aspects changeant de son corps et les interactions que cela entraîne auprès des garçons.

En 1939, à treize ans, elle est inscrite à l’Emerson Junior High School de Westwood Village. L’apparence de Norma Jeane continue à se transformer et elle commence à attirer les regards. Elle voit la vie avec d’autres yeux, ne bégaye pratiquement plus et se prend au jeu de la séduction. Fini les ricanements qu’elle pouvait recevoir quelques mois plus tôt de ses camarades de classe. Elle se détache progressivement des cours qui lui sont enseignés, restant quand même une élève de niveau moyen. Elle se concentre en grande partie à son apparence et aux réactions que cela entraîne autour d’elle. Elle est de plus en plus regardée et enviée mais recherche également le respect. Elle sait, avec un minimum d’artifice, attirer l’attention et se rend compte des pulsions qu’elle ressent mais aussi qu’elle suscite. Elle devient vite à l’intérieur de l’Emerson Hight School la fille que l’on regarde et derrière qui on se retourne. Et Norma Jeane aime ça. Elle jouera des petites pièces de théâtre au sein de son école, peaufinant son apparence et en mesurant les effets sur le public.

Cette année là elle rend visite avec Grace à sa mère soignée à San Fransisco. Gladys restera calme et très distante envers ses visiteuses, n’engageant aucune conversation.

 

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Au cours de l’année 1940 Norma Jeane connaît le goût des premières vraies amitiés, notion que les familles d’accueilles et orphelinat n’ont su créer.  D’abord avec Chuck Moran, un étudiant de son lycée, un peu plus âgé, qu’elle fréquente au Hi Ho, un Drive-in de Westwood. Chuck est un garçon un peu forte tête n’hésitant pas à conduire des voitures ne lui appartenant pas. Et c’est dans l’une de celles-ci qu’il promène Norma Jeane. L’année suivante ils se perdront de vue, le garçon devant changer de lycée. Elle se lie aussi d’amitié avec Eleanor, la fille du premier mariage de Doc Goddard, le mari de Grace. Elles apprennent à mieux se connaître à l’occasion du retour momentané de Norma Jeane chez sa tutrice, Ana devant soigner des problèmes cardio-vasculaires. Les deux jeunes adolescentes sont inséparables et jouissent pleinement de toutes les activités liées à leur âge. Eleanor eut elle aussi un parcours très mouvementé et cela dès sa petite enfance. Marilyn s’appropriera, lors de certains interviews, les déboires de son amie en les transposant à sa propre enfance, mélangeant ainsi leurs deux expériences. Elle utilisera à de nombreuses reprises la stratégie de « noircir » son enfance auprès des journalistes, guidée par les studios qui voulaient que ses fans soient apitoyés sur son parcours de jeunesse.

Norma Jeane change de lycée et se rend au Van Nuys Hight School ce qui la rapproche du domicile de la famille Grace et Doc Goddard. Ses résultats scolaires varient suivant les matières enseignées et de nombreux blocages, timidité, bégayement, surgissent et l’empêchent de s’exprimer naturellement. Mais toute l’attention de la belle adolescente se porte, en cette fin d’année, sur James Dougherty, âgé de 20 ans qui habite tout près de la maison des Goddard. Il ramène souvent Norma Jeane et Eleanor chez elles dans un coupé Ford bleu. Sa carrure de sportif ne laisse pas insensible les filles qu’il rencontre. Il travaille de nuit à la Lockeed Aviation et a comme collègue de travail un certain Robert Mitchum.

Le bal de Noël de la société de Doc Goddard donna l’occasion à James (Jim) de sortir officiellement avec Norma Jeane. Jim n’est pas indifférent à l’intérêt qu’elle lui porte. Grace favorisera d’autres rencontres et malgré les 5 années qui les séparent le jeune homme accepte avec joie. Il la trouve en avance sur beaucoup d’autres filles et elle lui montre une admiration débordante.

Début 1942 les Goddard décident de déménager en West Virginia suite à la mutation de Doc. Ils emmènent avec eux Eleanor mais il leur est impossible de prendre Norma Jeane. Celle-ci supporte très mal cette annonce et en veut énormément à Grace qui à ses yeux l’abandonne une nouvelle fois. Elle doit retourner vivre chez Ana Lower qui retrouve une santé compatible avec le retour de l’adolescente.  Elle rentre à l’université de Hight School et Jim continue à lui faire sa court en l’invitant à sortir. Cela semble à cette époque la seule sensation valorisante et elle s’y accroche. Ils sillonnent dans sa belle voiture les quartiers et collines de Los Angeles. Ils apprennent à mieux se connaître et cela malgré une importante différence d’âge et donc normalement d’intérêt.

Les Goddard devant déménager, Ana Lower ne pouvant garder Norma Jeane très longtemps il faut trouver une solution pour l’avenir immédiat de celle-ci qui ne peut et surtout ne veut pas retourner dans une institution. Grace et Ana rendent visite à Ethel Dougerty la maman de Jim et propose l’éventualité d’une union entre Norma Jeane et son fils. Plusieurs versions sont données des vraies motivations de chacun des protagonistes. On parlera d’un mariage arrangé pour éviter l’orphelinat à la jeune fille. Marilyn dévoilera des pressions importantes de Grace pour la marier au plus vite et Jim parlera de mariage de convenance. Grace quant à elle dira que c’est Norma Jeane qui la poussa à mettre en place, auprès des Dougerthy, l’idée et la réalisation du mariage. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque Norma Jeane n’a pas encore 16 ans. Que le mariage n’est pas encore une notion très rationnelle pour elle et qu’elle est avant tout très heureuse d’avoir toute l’attention de ce beau jeune homme de 21 ans. Personne n’a dû forcer personne et James Dougerthy a certainement eut son mot à dire et s’il a accepté ce n’est ni de force ni pour faire plaisir à son entourage. Il devait avoir un minimum d’affection et d’amour pour s’engager avec l’adolescente.

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Les fiançailles ont lieu au mois de mai 1942 et Norma Jeane informe son université qu’elle ne se rendra plus régulièrement en cours. Le 1er juin elle fête ses 16 ans. Elle et Jim cherchent un logis pour s’installer. Ils trouvent un bungalow au 4324 Vista Del Monte . Le petit logement accueilla tant bien que mal les maigres affaires personnelles des nouveaux locataires qui signent un bail de 6 mois.

Le mariage se déroule en soirée, le 19 juin 1942 et a lieu à Westwood chez le couple Chester, des amis des Goddard et des Dougerthy. Gladys n’assiste pas au mariage. Grace, Eleanor et Doc Goddard non plus, déjà forcés de quitter Los Angeles. Ana Lower elle est présente et c’est elle qui s’est occupée de la robe de marié en offrant à Norma Jeane une belle et longue robe blanche. Jim lui a loué un costume à veste blanche. Ida et Wayne Bolender sont eux aussi les invités de la cérémonie et il est à noter que c’est la dernière fois que Norma Jeane verra ce couple qui fût l’une de ses familles d’accueil. La demoiselle d’honneur est Lorraine Allen, une amie de l’Université. Le garçon d’honneur est Marion Dougerthy le frère ainé de Jim. La noce se finira au Florentine Gardens, un restaurant Italien d’Hollywood ou un orchestre proposera aux mariés de monter sur scène et de danser.

Les jeunes mariés ne feront pas de voyage de noce se contentant d’un week-end en amoureux au bord du Sherwood Lake. Le mariage donna sa liberté légitime à la nouvelle Mme Dougerthy qui mit enfin derrière elle la peur de retourner en institution mais aussi les pénibles années de familles d’accueil et d’orphelinat, physiquement parlant pourrait-on dire, car la future Marilyn Monroe gardera enfouie en elle tout au long de sa vie les cicatrices de sa petite enfance et les débuts de son adolescence.

 

Les débuts de Marilyn, ses premiers pas professionnels

 

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Norma Jeane et James Dougerty habitent maintenant à Van Nuys. La jeune mariée s’occupe du mieux possible de leur Bungalow. Elle « tâtonne » encore dans toutes les tâches ménagère mais elle s’applique à rendre le plus joyeux possible son petit nid d’amour. Les journées ne sont pas très excitantes et son seul grand plaisir est de prendre de longs bains. Les week-ends elle se promène avec son mari, ils vont sur les plages de Santa Monica où Norma Jeane en maillot de bain attire l’attention et s’imagine en Jean Harlow. Jim, lui, a beaucoup d’amis et ne s’empêche pas de les voir et de sortir avec eux. Des soirées sont aussi organisées au Bungalow mais il ne supporte plus trop les regards que portent ses amis sur sa femme. Norma Jean profite de ce petit public à domicile pour jouer le rôle qu’elle a toujours en elle : Séduire.

C’est cette année là que, pour pimenter les journées de sa femme, Jim lui offre un Colley qu’elle appellera Muggsie. C’est le premier animal dont elle doit s’occuper depuis la disparition tragique de Tippy. Les journées de Norma Jeane sont rythmées par les promenades de son chien et le temps qu’elle prend à parfaire son apparence, essayant à l’infini des combinaisons de maquillage. Elle n’hésite pas non plus à essayer différentes associations de vêtements qui mettent en valeur ses belles formes. Elle n’a pas beaucoup d’amies de son âge et doit se juger elle-même. Jim est tiraillé entre deux sentiments, il est heureux de voir sa femme s’épanouir mais il voudrait que ce ne soit que pour lui.

 

j nj 1943

Jim est toujours employé à la Lockheed Aircraft mais en cette fin 1943 il change de poste et entre dans la section des pompiers de la Navy et doit se rendre à Santa Catalina Island pour y former les nouvelles recrues. Norma Jeane et bien sur Muggsie  le rejoignent un peu plus tard pour s’installer avec lui sur l’île.

Norma Jeane s’épanouie de plus en plus et elle se rend compte de la grande jalousie de son mari. Jalousie qui se transforme progressivement en manque de confiance et suspicion.

Au printemps 1944 Jim doit partir dans le Pacifique et en Asie du Sud-est. Norma Jeane ne veut pas que son mari se rende si loin, la laissant avec ses anciens démons d’abandon. Elle ira vivre chez Ethel, la maman de Jim, avec qui elle s’entendra bien. C’est même elle qui lui trouvera un poste à la Radio Plane Munitions Factory ou elle est infirmière. Norma Jeane y vernis des fuselages d’avion employant des produits toxique mais autorisés à cette époque. Elle perçoit ses premiers salaires (vingt dollars par semaine) synonymes de liberté. Jim lui manque, même si une correspondance écrite très régulière est instaurée. En juin 1944 Norma Jeane a 18 ans et quitte pour la première fois sa Californie natale. Elle entreprend un voyage pour rendre visite à Grace à Chicago. Elle prend ensuite la destination de la Virginie occidentale pour rencontrer Eleanor la fille de Doc Goddard. Elle finie son périple dans le Tennessee en rendant visite à Berniece, sa demi-sœur, qu’elle ne connaît

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guère. 

Dès son retour de Californie elle retourne à la Radio Plane mais change de poste et se voit attribuer comme tâche le pliage de parachutes. Travail pas plus intéressant et motivant que le poste précédent mais au moins elle ne respire plus de produit dangereux.

 

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Depuis 1941  et l’attaque de Pearl Harbor les Etats-Unis sont entrés dans les conflits de la seconde guerre mondiale. Des milliers de GI sont envoyés en Europe. Les femmes ont elles-aussi leur rôle à jouer dans l’effort de guerre et c’est pour témoigner de ces activités que David Conover et d’autres photographes de l’Army First Motion Picture sillonnent le pays. Leurs clichés serviront à alimenter des revues commerciales mais aussi militaires. En cette fin d’année 1944 ils investissent l’usine ou travaille Norma Jeane et lui

demandent de poser pour eux, elle fera les clichés en extérieur et en sweater. Conover proposera plusieurs autres séances photos à Norma Jeane. Ils sillonnèrent la Californie pour trouver des espaces naturels où elle posa. Elle sera payée non pas à la séance mais à la diffusion dans les magazines de ses photos.

Ethel, la mère de James, voit d’un mauvais œil sa belle-fille se faire photographier par des hommes

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et en parle à son fils. Celui-ci rentra pour les fêtes de Noël et il sentit bien que sa femme avait changé et que l’univers de la photographie prenait une plus grande importance que leur vie de couple. A cette époque et après le nouveau départ de Jim pour l’océan Pacifique elle partit vivre chez Ana Lower, ne supportant plus les remarques de sa belle-mère

En 1945 David Conover et Potter Hueth proposent à Norma Jeane de prendre contact avec la Blue Book Modeling. Cette agence est dirigée par Emmeline Snively, une anglaise, et est conçue de façon à préparer au mieux des jeunes filles destinées au milieu du mannequinat et du cinéma. Les conseils personnalisés devaient  tirer le maximum de chaque inscrites et les préparer à maîtriser chaque paramètre de leurs futures activités. Miss Snively s’occupe activement  et individuellement des jeunes femmes ne leur épargnant pas les difficultés vicieuses du milieu du show-business.

 

 

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Séduite par les arguments  de la directrice mais aussi parce qu’elle rêvait depuis si longtemps de cette opportunité, Norma Jeane Dougerty signe début août 1945 avec l’agence Blue Book. Elle rejoint ainsi une vingtaine d’inscrites qui, comme elle, sont à la recherche de la gloire. Les cours lui coûtent cent dollars.  Elle paye aussi 25 dollars pour apparaître dans le catalogue de l’agence. Elle  trouvera rapidement la somme en travaillant dix jours comme hôtesse pour la Société Holga Steel qui avait un stand à l’exposition industrielle de l’Auditorium. Elle continue à suivre ses cours chez Snively et donne sa démission à la Radio Plane. Fini pour elle le pliage de parachutes.

Norma Jeane se rend vite compte que ce qui attire l’œil chez elle ce ne sont pas ses vêtements où les accessoires qu’elle porte mais bien ELLE. Au printemps 1946 elle fait déjà la couverture de nombreux

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magazines, plus d’une trentaine, et décroche quelques contrats pour des photos publicitaires. Sa belle-mère Ethel n’adopte pas la vision qu’a sa bru de concevoir son avenir et surtout qu’elle puisse arriver petit à petit à subvenir seule à ses besoins. Les conflits s’amplifient et Norma Jeane quitte le domicile et rejoint Ana Lower à Los Angeles. Trop occupée pour prendre soin de son chien, elle le laisse à Ethel.

 

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Norma Jeane rencontre le photographe André de Dienes à l’automne 1946. Celui-ci cherchant un jeune modèle, il est conseillé par Miss Snively pour travailler avec la jeune fille de son agence. Il l’emmena au nord d’Hollywood, l’installa sur la route, pieds nus et commença à la photographier. Pour l’occasion elle s’était faite des nattes.

Emmeline Snively prenait toujours soin de Norma Jeane et elle lui conseilla d’éclaircir ses cheveux, prétextant la facilité qu’ont les photographes à travailler avec des blondes. Un autre photographe Raphael Wolff lui fit la même remarque et c’est à cette condition qu’il accepta de l’engager pour une publicité de shampoing. Elle est emmenée chez Franck et Joseph, le salon à la mode Hollywoodien, pour se faire décolorer en blond doré.

Jim Dougerty revint pour Noël en cette fin d’année 1945. La transformation physique qu’avait opéré sa femme le surprit ainsi que son manque d’enthousiasme en le voyant. Le sentiment qu’il « perdait » sa femme l’envahit. Les choses ne s’arrangèrent pas quand il vit sa femme partir très vite une nouvelle fois avec André de Dienes. Le photographe et son modèle firent plusieurs séances photos allant des plages de Malibu aux neiges de l’Oregon en passant par le désert de

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Mojave et pour finir dans le Nevada. Il réussit à capter les capacités qu’avaient en elle son modèle. Dans des tenues totalement différentes elle était capable de passer du rire aux larmes et d’accaparer l’objectif. Ils firent un détour à Portland dans l’Oregon pour voir la mère de Norma Jeane, Gladys. C’est Grace qui soumit cette idée à la jeune femme. Gladys était sortie de sa clinique de San Francisco et vivotait, seule, portant sur elle le fardeau de plusieurs années passées en institutions spécialisées. La rencontre fut dure à vivre pour Norma Jeane. Sa mère lui était presque une inconnue. C’est de Dienes qui abrégea l’entrevue et ils reprirent la route. Le photographe mentionna qu’une liaison amoureuse vit le jour durant leur voyage. Marilyn n’en parla jamais.

Si Norma Jeane fut amoureuse ce fut du photographe et non pas de l’homme. Elle se donnait à 100% devant l’appareil cherchant sans cesse à le charmer. D’où on peut le concevoir l’ambigüité que cela pouvait provoquer. Elle avait besoin de plaire, d’être désirée et surtout que cela soit retranscrit sur la pellicule. Elle avait envie de « l’amour » du photographe pour que lui aussi se sublime, envouté par le charme de son modèle.

Elle revint à Los Angeles et retrouva son mari Jim. L’ambiance devint très pesante dans le couple. Norma Jeane ne voulant pas être cantonnée au rôle de femme au foyer. Jim préférant lui que son épouse ne côtoit plus le monde de la photographie, il souhaite que sa femme lui donne un enfant. En janvier 1946 Jim reprit la mer laissant Norma Jeane à ses rêves qu’ils souhaiteraient ne plus être d’actualité à son retour. Seule, la jeune femme retourne habiter chez Ana Lower. Grace lui avait proposé de s’installer chez elle mais les problèmes d’alcoolémie qu’elle vivait poussèrent Norma Jeane à refuser l’invitation.

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Grâce à ses cours à l’agence Blue Book elle continue à être demandée comme modèle par des photographes. C’est tout d’abord l’Ecossais William Burnside qui fit une séance avec elle sur une plage. Elle posa aussi pour Richard Miller, Joseph Jasgur et Earl Moran. Celui-ci arriva à prendre des clichés de Norma Jeane en tenues légères, dévoilant parfois sa nudité.  Il transformait ensuite ses photos en dessins qu’il vendait à des fabricants de calendriers. Jasgur est déjà connu dans la profession et nombreuses de ses photos alimentent les unes des magazines. Il avait donc l’habitude de voir défiler beaucoup de mannequins et fut surpris  par la timidité et le manque d’assurance de Norma Jeane mais

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tout en étant « bluffé » par la métamorphose du modèle dès que l’appareil photo commençait à crépiter. Il fit plusieurs séances avec elle dont une sur la plage de Zuma Beach.

Gladys revint à Los Angeles et s’installa chez sa fille. Jim rentra pour une petite permission et faute de place chez lui il alla loger chez sa mère Ethel. Il pensa que sa femme avait fait exprès de faire venir Gladys pour éviter au couple de rester ensemble. Quelques mois plus tard Gladys retournera dans une clinique.

Les différents photographes que Norma Jeane rencontra lui conseillèrent tous de tenter sa chance dans le cinéma. C’est bien sûr une idée qu’elle avait déjà en tête et depuis bien longtemps. Elle avait d’ailleurs demandé conseil à Emmeline Snively à ce sujet et celle-ci l’encouragea tout en la prévenant que le milieu Hollywoodien regorgeait de starlettes comme elle et que très peu avaient la chance de côtoyer le firmament de la gloire. Norma Jeane devint l’un des modèles les plus en vue et de nombreux magazines firent leurs Unes avec sa photo.

Elle sent qu’elle doit s’engager totalement vers la voie du cinéma. Sa situation de jeune femme mariée lui semble un handicap et elle sait que son mari ne sera jamais d’accord avec le chemin étoilé qu’elle veut prendre. C’est au cours de l’été 1946 que sous les conseils de Grace et pour le bien de sa carrière, le pensa-t-elle, elle fit envoyer par son avocat C-Norman Cornwall une demande de divorce à Jim. Celui-ci, à l’autre bout du monde, ne peut qu’accuser le coup. En septembre Norma Jeane venait de s’installer à Las Vegas, chez une autre tante de Grace, quand

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le divorce fut officiellement prononcé, lui donnant le droit de garder le coupé Ford de son mari. Elle proposa à Jim qu’il serait bien qu’ils restent amis, en bon terme. Il n’en tiendra pas compte et ils ne se revirent jamais. Leur mariage aura duré un peu plus de quatre ans.

Emmeline fait jouer ses connaissances et elle arrive à faire engager Norma Jeane à la National Concert Artists Corporation. Dans le même temps elle eu aussi un rendez-vous avec l’un des directeurs de la Twentieth Century Fox dans les studios de Pico Boulevard à Los Angeles. C’est William Fox qui créa ce studio dans les années 20. Il fut l’un des pionniers à croire à l’arrivée du cinéma parlant et dans un premier temps pour la production d’actualité cinématographiques. La crise de 1929 minera sa société et il en sera même évincé en 1930. Ses repreneurs fusionneront en 1935 avec la Twentieth Century. Ben Lyon reçoit Marilyn

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dans son bureau et lui fait lire un petit texte. Il trouve l’essai concluant puisqu’il la convoque deux jours plus tard pour un autre essai sur pellicule cette fois. De nombreuses grosses pointures du cinéma sont présentes pour cette occasion : le directeur de la photographie Leon Shamroy, le maquilleur Allan Snyder, le metteur en scène Walter Lang et le costumier Charles LeMaire.

Allan Snyder continuera de maquiller Marilyn tout au long de sa carrière, que ce soit pour des films ou des séances photos. Il deviendra un des rares amis de la star. Il fut même chargé de la maquiller après sa mort, elle le lui avait demandé quelques années auparavant.  Leon Shamroy et Walter Lang retrouvèrent Marilyn sur le tournage de « There’s no business like show business » en 1954. Charles LeMaire travaillera lui aussi avec Marilyn sur plusieurs films et reçut  l’oscar du meilleur costume dans « All about Eve ».

L’essai ne nécessite aucun dialogue ce qui décontracte énormément Norma Jeane qui, très nerveuse devant les observateurs, se métamorphose dès que la caméra se met en mouvement. Elle retrouve son calme et adopte en toute sérénité les petites scènes qu’on lui demande et cela avec un grand sourire qui envoûtera l’assistance. Le directeur de la production Darryl F. Zannuck regarda le bout d’essai. Celui qui avait une préférence pour les brunes ne fut pas emballé par ce qu’il vit et ne sembla pas du même enthousiasme que l’équipe présente lors du tournage. Il fit quand même confiance au jugement de Ben Lyon et le 23 juillet un contrat type de 75 dollars par semaine fut établi. Contrat que Grace signa d’ailleurs car Norma Jeane, du haut de ses vingt ans,  ne pouvait avoir ce droit et fit donc appel à celle qui était encore sa tutrice légale. Howard Hughes, le patron de la RKO, qui avait remarqué la starlette en une des magazines voulut lui faire signer un contrat mais Ben Lyon de la Fox le devança de quelques jours. Le magazine Variety mentionnera l’information dans ses colonnes « Nouveaux contacts ».

Mais il fallait trouver un pseudonyme à la jeune starlette. C’est Ben Lyon lui-même qui se chargea de cela avec l’aide de Norma Jeane. Le nom de Monroe s’imposa rapidement puisqu’il était le nom de famille de sa grand-mère Della, la mère de Gladys. Le prénom est proposé par Lyon et ce sera Marilyn, en hommage à l’un de ses premiers amours Marilyn Miller qui était très connue dans le milieu des comédies musicales de Broadway. Peut-être grace à cette actrice le prénom Marilyn fut l’un des plus répandu aux Etats-Unis en cette année 1946.

Norma Jeane Dougerty devint donc Marilyn Monroe. On parle d’elle dans les échos d’Hollywood la rubrique tenue par Hedda Hopper qui avait le pouvoir de rédiger, grâce à ses nombreuses sources journalistiques, tous les potins circulant dans la ville Californienne.

Darryl F. Zannuck dirigeait le puissant studio de la Fox et avait la réputation d’être un homme dur avec son personnel. Il avait le pouvoir de

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briser la carrière de n’importe quelle starlette ou de tout faire pour l’amener au firmament de la célébrité. Zannuck avait du nez et ses productions rapportèrent de nombreux millions de dollars.

Marilyn vit toujours chez Ana Lower et se rend tous les jours au studio mais malgré son contrat on ne lui propose aucun rôle, aucune figuration, aucun bout d’essai. Seuls les photographes continuent de lui proposer des photos présentées ensuite à des publicitaires ou à des magazines à la recherche de jolies Pin-up. Bill Burside, Leo Caloïa, William Carroll, Ed Coonenwerth, Len Globus, Joseph Heppner, Richard C.Miller, John Randol et Raphael Wolff, tous immortalisèrent la starlette en cette année 1946. Marilyn fait partie d’un studio qui semble l’ignorer mais elle n’est pas la seule dans ce cas là, des dizaines de jeunes femmes engagées elles-aussi attendent le bon vouloir des dirigeants de la Fox pour les lancer au devant de la scène cinématographique. Sans n’avoir tourné aucun film Miss Monroe vit en février 1947 son contrat à la Fox renouvelé pour six mois. Le studio inscrit sa starlette à la Actors Laboratory pour y travailler des cours d’art dramatique. Elle y étudie le jeu d’acteur, la façon de se déplacer et de s’exprimer. Les dirigeants ne trouvèrent pas à l’époque qu’elle avait un talent supérieur aux autres pensionnaires.

 

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« Scudda-Hoo !  Scudda-Hay ! » est le premier film que la Fox propose à la nouvelle Marilyn Monroe. Un petit rôle de deux petites scénettes dont une sera coupée au montage. Quatre mois plus tard elle est engagée pour tourner dans le film « Dangerous Years » réalisé par Arthur Pierson. Son personnage Eve, est serveur et s’emploie à ne pas se laissé perturber par une bande de jeunes un peu perturbant. Elle apparaît dans trois scènes et son nom est mentionné en quatorzième position au générique, sur quinze inscrits ! Le film sera projeté avant la sortie de « Scudda-Hoo ! Scudda-Hay ! ».

En août 1947 Marilyn se rend compte de la difficulté d’être une starlette à Hollywood quand elle est avisée que son contrat ne serait pas renouvelé. Sa dernière prestation pour la Fox sera de servir de caddie lors du tournoi de golf du Cheviot Hills Country Club. De jolies pin-up portaient les sacs des nombreuses célébrités  présentes comme John Wayne, Tyrone Power, James Stewart ou Henri Fonda avec qui elle pose pour une photo. Marilyn portera les clubs de John Carroll. Acteur et chanteur il était marié à Lucille Ryman l’une des grandes découvreuses de talents pour la Métro Goldwyn Mayer. John était un pur produit des studios, d’abord de la RKO puis de la MGM, qui tentèrent tous deux d’en faire le nouveau Clark Gable. Il n’arrivera jamais au niveau du Roi d’Hollywood. Très aisé, le couple donnait volontairement son appui financier à de jeunes débutants. C’est ce qu’ils firent pour Marilyn, tout d’abord en lui donnant un peu d’argent de poche puis en la logeant dans un de leur appartement. Cette période un peu trouble est souvent sujette à de nombreux témoignages montrant une Marilyn n’hésitant pas à se transformer en call-girl afin de trouver les ressources pour vivre, se faisant parfois « payer » par de simples déjeuners. Elle transforme même son nom pour quelques temps le changeant en Journey Evers.

Elle signa avec Albert Blum, l’avocat des Carroll, un contrat stipulant que le couple lui verserait cent dollars par semaine. Cette somme devait être remboursée par Marilyn si celle-ci trouvait du travail et dix pour cent seraient réservés à Harry Lipton, son agent depuis mars 1946. Lucille Carroll réussit à faire engager Marilyn au Bliss-Hayden Miniature Theater qui cherchait des acteurs pour la comédie musicale « Glamour Preferred ». Ce fut une expérience désastreuse. Elle perdait sans cesse ses marques et n’arrivait jamais à endosser le rôle pour lequel elle avait été choisie. Trop anxieuse elle avait du mal à s’exprimer et ses répliques perdaient de leur clarté. La pièce fut quand même présentée mais resta au stade de l’anonymat. En cette fin d’année 1947 elle posera pour les photographes John Engstead et Nat Dillinger et fera une apparition au « Alan Young radio show ».

Marilyn devient de plus en plus envahissante et perturbe le couple des Carroll. Elle ne respecte pas leur intimité et bouleverse leurs habitudes. En février 1948 elle les accompagne à une réception mondaine et lui est présentée Pat de Cicco qui avait fait fortune grâce à la vente de friandises appelées Bon-Bons. Il est un ami de Joseph Schenck un ancien président de la Fox. C’est un homme de soixante ans, très respecté du milieu cinématographique et dont le passé à la tête de la Fox lui confère encore une grande reconnaissance à Hollywood. Schenck possède une immense propriété où il organise régulièrement de grandes et longues parties de poker. Il a besoin d’hôtesses pour s’occuper et distraire les nombreux joueurs. Il invite Marilyn à l’une de ses soirées avec d’autres belles pin-up qui doivent être aux petits soins pour les joueurs de poker qui pourraient tout au long de la nuit n’avoir pas que les cartes en tête. Le lendemain il l’invitera en tête à tête au restaurant et bien plus intimement ensuite chez lui. Ils continueront à se voir et à rester amis, le milieu du cinéma chuchotera quand même qu’elle était sa petite amie.

Schenck présente Marilyn à son ami Harry Cohn le président du studio de la Columbia. Cette société de production est crée en 1919  par Harry et son frère Jack sous le nom CBC Film Corporation. Elle devient la Columbia en 1924. Le studio produira dans les années 40 et 50 de nombreux films à grand succès comme : « Gilda » en 1946, « Sur les quais » en 1954 ou « Le pont de la rivière Kwai » en 1957. C’est Harry qui changea la petite starlette Margarita Cansino en Rita Hayworth reine d’Hollywood. Il fit signer un contrat de six mois à Marilyn pour un cachet de 125 dollars par semaine. Il demanda aussi à son équipe artistique de modifier l’apparence de Miss Monroe. Des modifications notamment sur l’implantation des cheveux et leur couleur qu’ils transforment en une nuance « Platine chaud ». Son aspect physique se rapprochait de plus en plus de son idole Jean Harlow. Elle fit une séance photos avec le photographe Ed Cronenweth, multipliant les pauses sportives. Max Arnow responsable des castings à la Columbia lui fera prendre des cours de chant et elle sera présentée au professeur d’art dramatique du studio Natasha Lytess. Cette femme arrive aux Etats-Unis après avoir fui le nazisme européen de la deuxième guerre mondiale. Elle tente de s’imposer dans le milieu théâtral  de Los Angeles mais Hollywood et le cinéma ne laissent que peu de place à cet art. Elle s’essaie au cinéma mais n’obtiendra jamais de rôle susceptible de lancer sa carrière. Fort de son expérience au théâtre elle devient coach et se fait rapidement une réputation de femme dure, cassante, méprisante parfois envers les petites starlettes. Elle n’est pas aimée mais elle est quand même respectée. Elle impressionne tout de suite Marilyn, mais ce n’est pas réciproque. Natasha perçoit quand même un grand potentiel chez la starlette et décide de polariser son attention sur celle-ci. Ce ne sont pas que des conseils qu’elle lui donne mais un réel enseignement qui prend sa source dans le jeu théâtral et où chaque détail a son importance. Elle constate que Marilyn est son opposée. La jeune pin-up est tout ce qu’elle répugne mais elle est « envoûtée » par cette fille qui ne demande qu’à apprendre et progresser. Elle doit agir autrement avec Marilyn qu’avec les autres filles qu’elle encadre. Elle veut perfectionner Marilyn dans ce qu’il y a de mieux en elle : son sex-appeal. Il en coûte beaucoup à Natasha d’approfondir cette voie, elle qui ne jure que par les principes fondamentaux du théâtre. Natasha Lytess fut certainement la première personne à croire au réel talent d’actrice de Marilyn.

En mars 1948 Ana Lower décéda. Marilyn ne se rendra pas aux obsèques prétextant une leçon avec son coach. Ana ne saura jamais le fabuleux destin qu’aura la petite Norma Jeane qui la considéra longtemps comme la femme l’ayant la plus aimé.  Durant cette période elle déménage dans une pension réservée aux jeunes comédiennes et s’installe au Studio Club à Hollywood. C’est le couple Carroll qui versera six mois de loyer d’avance. Elle s’achète une voiture à crédit, des livres, des disques, des produits de maquillage et ressent un certain sentiment de liberté. Elle peut financer tous ses achats grâce à son salaire de la Columbia et grâce à l’argent toujours versé par le couple Carroll.

La Columbia propose à Marilyn, en juin 1948, une audition pour un rôle dans le film « Ladies of the Chorus » (Les Reines du music-hall). C’est Natasha Lytess qui avait demandé à son ami Harry Romm, le producteur du film, de donner sa chance à sa protégée. Marilyn chantera une chanson du scénario et sera engagée. Elle doit interpréter le rôle de Peggy Martin, petite serveuse qui s’éprend d’un jeune aristocrate. L’idylle semble impossible d’autant que la famille du jeune homme s’y oppose farouchement. Mais comme tout est possible avec le cinéma américain l’union aura quand même lieu. Marilyn chantera deux chansons dans ce film « Anyone can see i love you » et « Everybody needs a Da-da-daddy ». Elle aura pour partenaire Rand Brooks qui tenait le rôle du père de Scarlett O’ Hara dans le célèbre film « Autant en emporte le vent ». Pour se préparer au mieux à son rôle où elle doit jouer mais aussi danser et chanter elle est prise en main par Fred Karger l’un des professeurs artistique de la Columbia. C’est lui qui lui demanda de prendre rendez-vous chez un orthodontiste pour corriger une mauvaise implantation de dents. Marilyn tombe rapidement amoureuse de Karger, ce jeune divorcé qui vit avec son fils chez sa mère dans une somptueuse résidence.   Il flirtera quelques semaines avec Marilyn qui s’éprend de son nouvel amant. Elle en est amoureuse et voudrait envisager un mariage mais Karger veut avant tout quelqu’un qui soit aussi capable de s’occuper de son  jeune fils, de tenir la grande maison. Il ne détecte pas chez sa pin-up de petite amie ces qualités et ne lui propose plus que des rendez-vous galants.

« Les reines du music-hall » ne restera pas dans les mémoires des cinéphiles mais est le témoin des vrais premiers pas de Marilyn au cinéma (Elle ne tournera plus de film pour la Columbia). Elle a des dialogues, joue la comédie, chante, danse et peut mettre en application les enseignements de Natasha Lytess. Cela se ressent d’ailleurs dans l’allocution de Marilyn, ou les mots paraissent trop  prononcés et formatés comme s’ils avaient été des centaines de fois répétés. Ce qui est le cas d’ailleurs ! Marilyn est elle-même, dans son élément et est appréciée de ses partenaires, les seules bonnes critiques du film seront pour sa prestation. Malgré ce constat, la Columbia de Harry Cohn ne décidera pas de renouveler son contrat. Certaines langues d’Hollywood diront que cette décision faisait suite au refus qu’avait opposé Marilyn au souhait de devenir sa maîtresse. Sans travail mais ayant toujours régulièrement de l’argent versé par les Carroll, Marilyn continue son idylle avec Karger et elle part même s’installer vivre chez lui quelques temps. Elle continue à titre privée de suivre des cours avec Natasha.

En octobre 1948 Tom Kelley se promène sur Sunset Boulevard et son regard est attiré par Marilyn qui vient d’avoir un petit accrochage avec un autre automobiliste. Les badauds s’agglutinent pour se rendre compte des dégâts de l’accident mais aussi pour voir de plus près cette belle blonde qui gesticule du haut de ses talons aiguilles. Tom Kelley, photographe professionnel, a un œil aguerri et ne reste pas insensible à cette pin-up de vingt deux ans. Il a déjà photographié de nombreuses starlettes et les studios font appel à lui pour des clichés de leurs acteurs qui serviront à faire la Une des magazines ou illustrer leurs articles. Il engage la conversation avec Marilyn et lui laisse sa carte de visite et même la somme de cinq dollars pour qu’elle se paye un taxi et se rende à un casting.

Sam Spiegel est ce que l’on peut appeler l’un des derniers Nababs de Hollywood. Ce producteur indépendant a travaillé pour les plus grandes firmes comme la Columbia, la M.GM ou aux studios Universals. Ce puissant homme d’affaire avait coutume d’organiser de grandes fêtes pour célébrer la fin de chaque année. Pour la St Sylvestre 1948 Marilyn y fut conviée. Elle est présentée à l’un des plus grands impresarii d’Hollywood Johnny Hyde responsable de l’agence William Morris qui gère entre autre les carrières de Rita Hayworth et Lana Turner. Hyde, cinquante trois ans, père de quatre enfants est un petit bonhomme assez maigre, d’une santé fragile dûe à des problèmes cardiaques. Il a déjà trompé sa femme avec de jeunes belles filles et succombe au charme de Marilyn et elle devient rapidement une vraie drogue pour lui. De son côté Marilyn ne résiste pas aux douces attentions de ce cinquantenaire qui retrouve une âme d’adolescent dès qu’ils sont ensemble. Hyde en raison de ses soucis cardiaques se sait en sursis. Il a envie de vivre pleinement les dernières années de sa vie et avec Marilyn, il le sait. Elle devient sa maîtresse. Il la comble de cadeaux et s’affiche avec elle dans tout Los Angeles. Hyde  ne semble pas être avec la belle blonde uniquement parce qu’elle est une jolie fille. Il sait qu’elle peut devenir une très grande actrice. Il a le nez pour cela, il n’est pas le patron de William Morris par hasard. Marilyn se sent comme dans un cocon, paternel peut-être à ses yeux mais elle vit cette expérience en profitant de tout ce que son Johnny lui apporte. Elle ne pense pas au mariage, lui en fait une idée fixe. Il veut Marilyn pour lui  tout seul et il rachète le contrat qui la lie encore à la National Concerts Artists Corporation. Marilyn Monroe intègre en ce début 1949 la très puissante William Morris Agency.

C’est Johnny Hyde qui propose et finance à Marilyn une discrète opération de chirurgie esthétique visant à lui affiner le nez et réajuster la forme de son menton. Il demande à Marilyn de venir habiter chez lui dans sa villa de Beverly Hills, elle accepte et quitte le Studio Club. Il lui loue dans le même temps une chambre au Berverly Carlton Hotel afin qu’elle ait une adresse officielle personnelle. Hyde quitte sa femme et ses enfants et multiplie les demandes en mariage à sa jeune maîtresse. Effectivement, Marilyn  pensera mariage à cette époque mais pas au sien. Elle apprend par Grace Mc Kee que Gladys s’est remariée à un électricien John Stewart Eley.

Le film « Love Happy » (La pêche au trésor) est en préparation. Les Marx Brothers en sont les principaux protagonistes. Ils ne sont plus que trois à faire ce film, Groucho, Harpo et Chico. Gummo et Zeppo ont, au fil du temps, quitté la fratrie pour tenter une carrière individuelle. Les Marx ne font plus les beaux jours des studios et « Love Happy » est censé faire entendre à la profession qu’ils ne sont pas finis. Marilyn a une petite scène avec Groucho, qui joue un détective privé, qu’elle tourne en une demi-journée dans les studios de la RKO, elle sera payée 500 dollars et 300 de plus pour les photos promotionnelles faites pour la publicité du film. C’est une scénette de quelques secondes où le décolleté et la démarche de Marilyn sont plus importants que les dialogues. La réaction de Groucho dans le film sera la même que tous les spectateurs : Comment refuser quoi que ce soit à une telle fille ?

Après le tournage de « La pêche au trésor » Marilyn n’a plus de projet cinématographique en vue. Elle continue ses cours avec Natasha Lytess et Johnny Hyde continue de lui faire la cour. Même si celui-ci la couvre de cadeaux, elle a besoin de son indépendance financière et se met à la recherche de photographes qui pourraient l’engager pour des séances. Elle se rend au Studio de Thomas Kelley le photographe dont elle avait gardé la carte de visite. Kelley avait appris son métier à New-York puis travaillé pour l’agence Associated Press. Il débarqua à Los Angeles en 1935 pour créer son propre studio et se spécialiser dans la photo promotionnelle de stars de cinéma. Quand Marilyn vint chez lui il avait une petite séance à lui proposer pour une commande d’un fabriquant de bière Pabst Beer. Natalie, la femme de Kelley, lui fit enfiler un maillot de bain, la maquilla beaucoup plus légèrement qu’elle ne l’était et son mari la photographia en tenue de plage jouant avec un ballon gonflable. A Chicago le fabriquant de calendriers John Baumgarth découvre la publicité Pabst Beer et est impressionné par le si joli modèle qui vante la marque. Il contact Kelley pour savoir si cette  fille est disponible pour apparaître sur l’un de ses calendriers. Une apparition qu’il faudra faire dénudée. Kelley contacte Marilyn qui accepte immédiatement. Elle a toujours besoin d’argent et même si les cinquante dollars proposés ne vont pas la rendre richissime, elle pourra au moins s’en servir pour payer quelques traites.  Le 27 mai 1949 elle signa le contrat et changea légèrement son nom qui devint Mona Monroe. Elle pose nue pour Kelley mais elle demande quand même que Natalie soit présente durant la séance. La nudité n’incommode pas Marilyn, elle avait déjà posé dans le passé en tenue légère pour Earl Moran. Un drap de velours rouge est posé au sol et Kelley s’installe sur un échafaudage pour la surplomber. Marilyn se laisse guider et exécute chaque pause demandée par le photographe. Elle est allongée sur le drapé rouge entièrement nue, plus féline que l’on ne pourrait le penser. L’érotisme à l’état pur se dégage d’elle.

Kelley vendra les clichés à Baumgarth pour cinq cent dollars (dix fois le prix du contrat du modèle). Deux photos sortiront du lot : « A new Wrinkle » qui sera sur la version originale et « Golden dreams » qui apparaîtra dans les rééditions du calendrier et d’autres produits dérivés qui rapporteront des milliers de dollars. Le calendrier se retrouvera dans des milliers de garages ou usines du pays. En 1953 Hugh Hafner acheta l’un des clichés cinq cent dollars pour illustrer un article sur Marilyn dans son nouveau magazine Playboy.

Au début de l’année 1949 Marilyn respecte ses engagements mentionnés dans son contrat pour le  film « Love Happy » et part faire sa promotion durant cinq semaines à travers les Etats-Unis. Pour ses frais de représentation elle touche un cachet de cent dollars par semaine. Les producteurs ont bien calculé leur coup en envoyant Marilyn représenter leur film, même si elle n’a qu’un petit rôle. En effet elle attire les foules par sa plastique et sa disponibilité envers les journaliste et patrons de salles qui projettent le film. Les journalistes ne transposent dans leurs articles que l’image d’une pin-up en tournée, aucun ne construira son papier autour d’une hypothétique actrice qu’elle pourrait devenir un jour.

Lors de son passage à New-York elle rencontra André de Dienes qui lui proposa une nouvelle séance photos mais aussi de recommencer une romance amoureuse. Marilyn avait toujours Johnny Hyde dans son cœur et c’est en simple amitié qu’elle se rendra avec le photographe sur la plage de Tobay Beach. Séance en maillot de bain sur le sable et avec une ombrelle pour seul accessoire. Elle fit une autre séance en maillot de bain avec le photographe Weegee (de son vrai nom Arthur Felig) à Long Island. La tournée « Love Happy » se termina et elle revint à Hollywood. Johnny Hyde lui proposa une audition pour un rôle dans le film « A ticket to Tomahawk » (Le petit train du Far-West) distribué par la Fox. Un western où elle devait danser et chanter une chanson « Oh, what a Forward young man ». Elle retrouve sur le plateau la maquilleur Allan Snyder. Ce film tomba dans l’oubli. « La charge héroïque » de John Ford avec John Wayne fut LE western de cette année là.

John Huston est un producteur réalisateur qui a de nombreux films à son actif dont « Le faucon Maltais » et « Le trésor de la Sierre Madre » qui sera plusieurs fois récompensé au Oscars. Il travailla chez Universal, la Warner Bros mais c’est la M.G.M qui lui propose en cette fin d’année 1949 la direction de Quo Vadis ? Huston n’est pas inspiré par ce projet et demande à Meyer de le laissé réaliser et scénariser  « The asphalt Jungle » (Quand la ville dort) tiré du livre de W.R Burnett. Le film étant tourné en noir et blanc pour garder l’atmosphère lugubre de la thématique du scénario : l’organisation minutieuse d’un hold-up qui s’avérera accidentel et mortel pour ses personnages.

L’engagement de Marilyn pour le rôle d’Angela Phinlay, la « nièce » (nom donné à une maîtresse à l’époque) du cerveau du casse, est sujet à plusieurs versions. L’une prétend que Johnny Hyde obtint une audition pour Marilyn auprès de Huston et que celui-ci accepta de l’engager. Une autre, plus vraisemblable, affirme que Huston avait déjà choisi Lola Albright pour le rôle d’Angela mais dû changer son choix sous la pression de son patron Meyer qui auditionna lui-même Marilyn et imposa à Huston de l’engager.

Toujours conseillée par Natasha Lytess Marilyn sera très convaincante dans son rôle et gagnera aux yeux de tous ses galons de vraie actrice. Elle arriva grâce, à sa prestation, à faire oublier l’image de  pin-up hollywoodienne qu’elle donnait comme jusqu’alors. Le film fut salué pour sa direction d’acteurs où chaque rôle avait son importance. John Huston fut l’un des premiers réalisateurs à savoir tirer le maximum du potentiel émotionnel de Miss Monroe. Natasha, sûre des qualités de Marilyn, quitta son poste à la Columbia pour se consacrer uniquement à sa jeune protégée. John Huston retrouvera Marilyn en 1961 sur le film « Les désaxés » qui sera son dernier film achevé.

En septembre 1949 Johnny Hyde présenta Marilyn à Allan Rupert le rédacteur en chef du magazine Look. Ce bimensuel avait déjà dans ces années là un très grand tirage et proposait plutôt des photos que de longs articles. Ils se retrouvèrent tous trois à une soirée organisée chez Rupert où étaient  conviés de nombreux photographes mais aussi de nombreuses pin-up Hollywoodienne. C’est à cette occasion que Marilyn rencontra pour la première fois le photographe Milton Greene. Leur collaboration future engendra des milliers de photos (toutes encore non dévoilées) et certainement parmi elles les plus belles prises de Marilyn. La presse parla aussi d’elle dans le magazine Life qui consacrait un article sur quelques actrices débutantes. Elles devaient faire passer différentes émotions devant l’objectif de Philip Halsman. Des années plus tard, ce photographe refera une séance avec Marilyn mais cette fois un cliché fut choisi pour mettre à la Une du fameux magazine (Avril 1952).

Au début 1950, Johnny Hyde réussit à décrocher un petit rôle pour Marilyn dans le film « The fireball » réalisé par Tay Garnett traitant du monde professionnel du patin à roulettes. Elle y apparait comme la groupie du héros qui est incarné par Mickey Rooney l’ancien mari d’Ava Gardner. Ce film de série B n’apporte rien à la carrière de Marilyn si ce n’est sa rencontre avec Agnès Flanagan l’une des coiffeuses plateau de la Fox. Leur collaboration durera jusqu’en 1962 et elle s’occupera de la coiffure de Marilyn sur ses principaux films et séances photos mais aussi le jour de son enterrement. Marilyn se lia d’amitié sincère envers Flanagan comme elle le fit avec son maquilleur Whitey Snyder.

La M.G.M proposa à Marilyn un tout petit rôle dans le film de John Sturges « Right cross ». Une banale histoire dans le milieu de la boxe ou Marilyn ne dira que quelques répliques. Elle aura comme partenaire un certain Ricardo Montalban qui sera dans les années 1970 le fameux Monsieur Roake, dans le feuilleton « L’île fantastique », qui réalisait avec l’aide de Tatoo les rêves les plus audacieux des visiteurs de l’île.

Marilyn tourne encore pour la M.G.M dans « Home town story ». Elle y incarne Iris Martin et une nouvelle fois elle n’est utilisée que comme la belle blonde de service. Ce film réalisé par Arthur Pierson était une commande de la General Motors pour vanter l’image des entreprises américaines. Il ne sera pas commercialisé. Les offres de la M.G.M s’arrêtent là. Il semble que le studio n’ait pas besoin de développer plus en avant la carrière de Marilyn, car une blonde qu’il a déjà sous contrat crève les  écrans : Lana Turner. Il ne peut se permettre de créer une concurrence au sein même de sa firme et ce même s’il ne s’agit pour le moment que de Marilyn, la petite starlette. Car c’est ce qu’est encore Marilyn, une petite actrice qui n’arrive pas à décrocher le contrat qui lui assurerait un avenir professionnel et la possibilité de faire son métier sereinement. Elle est toujours encadrée par Johnny Hyde et Natasha Lytess qui continue à lui enseigner l’art théâtral et l’expression corporelle. Marilyn continue aussi à poser pour les photographes ce qui lui permet de faire la Une des magazines  le plus souvent en tenues légères ou en maillots de bain. C’est aussi à cette époque qu’elle débute son éducation littéraire en s’intéressant à de nombreux auteurs de tous genres.

La Twentieth Century Fox possédait les droits d’un livre de Mary Orr, « The wisdom of Eve ». John L. Mankiewicz décida d’en tirer un scenario pour le cinéma. Le producteur de la Fox Darryl F . Zanuck donna son accord et la préparation du film « All about Eve » voit le jour. Bette Davis, Anne Baxter et Georges Sanders auront les principaux rôles, Marilyn une fois de plus est cantonnée à un personnage secondaire, celui de Claudia Caswell une actrice débutante tentant de percer, grâce à sa beauté, dans le milieu du théâtre. Le tournage se déroula à San Francisco et pour ses deux scènes à jouer Marilyn touche cinq cent dollars. Le film sera nominé quatorze fois pour la cérémonie des Oscars (aussi bien que Titanic !) et recevra 6 statuettes dont celle du meilleur film, scénario et réalisateur, mais aussi du son. Ce sera Marilyn qui remettra ce dernier trophée lors de la cérémonie de 1951.

Johnny Hyde meurt le dix huit décembre 1950. Malgré une longue période de repos il succombera des suites de ses problèmes cardiaux. Sa famille refusera que Marilyn assiste à l’enterrement mais elle s’y rendra incognito avec Natasha Lytess. Marilyn perdit son mentor, son amour, son « daddy » ce jour là et elle gardera longtemps dans son cœur la disparition de celui qui crut le plus en elle. Elle resta de longues  journées inconsolables. Johnny Hyde n’aura jamais vu le fabuleux destin de Marilyn qu’il avait tant souhaité pour elle. Il n’eut pas le temps de modifier son testament et Marilyn ne perçut rien de son héritage, mais ce n’était pas le plus important pour elle. Si elle avait voulu ne voir que l’aspect financier de sa romance avec Hyde elle aurait accepté l’une de ses nombreuses demandes en mariage et de ce fait aurait, à sa mort, touché une grande part de son héritage. L’image de croqueuse d’hommes, qui ne pense qu’à l’argent, qui collait à la peau de Marilyn ne résistait plus  à une analyse de son parcours avec Johnny Hyde. Les affaires personnelles de Marilyn encore présentes dans la maison du défunt furent même confisquées par son ex-femme. Marilyn se vit quand même remettre les cadeaux de Noël que Johnny avait prévu pour elle dont une étole de vison. Trop éprouvée pour rester seule elle alla vivre chez Natasha Lytess.

En ce début 1951 la Fox proposa un contrat de sept ans à Marilyn. L’agence William Morris restait son agent et continuerait à percevoir des commissions sur ses gains. Le contrat de la Fox lui offrait cinq cent dollars par semaine la première année pour aller jusqu’à trois mille cinq cent dollars la dernière année. La Fox s’autorisait de la congédier à son bon vouloir à la fin de chaque année et d’avoir l’exclusivité sur son image. Marilyn réussit quand même à faire engager par la Fox son professeur d’art dramatique Natasha Lytess. De nombreux témoignages de fans arrivaient tous les jours au studio par courrier. Des admirateurs de tout le pays qui s’intéressaient à elle suite au visionnage d’un de ses films ou de sa parution en cover de magazines. La Fox doit se rendre à l’évidence que Marilyn peut aussi être un excellent support publicitaire pour le studio. Il lui propose une nouvelle fois un rôle de secrétaire blonde dans le film « As young as you feel » (Rendez-moi ma femme). Elle est un peu désespérée d’être cantonnée à ces seconds rôles qui n’exploitent, d’après elle mais aussi d’après Natasha, nullement son potentiel d’actrice. Mais les studios comme la Fox et surtout Zannuck ont besoin de vendre du charme dans leur film, de faire « fantasmer » les spectateurs et ils ont leur actrice pour cela : Marilyn Monroe.

Elle rencontre sur le tournage Elia Kazan ami du réalisateur Jones Harmon. Kazan est co-fondateur de l’école d’art dramatique l’Actors Studio depuis 1947. Il réalisera de nombreux succès au box office comme « Un tramway nommé désir », « Viva Zapata » et donna sa chance à James Dean dans « A l’est d’Eden ». En 1949 il fut le metteur en scène de la pièce de théâtre « Mort d’un commis voyageur » d’Arthur Miller. Le dramaturge vint sur le plateau de « As young as you feel » pour y rencontrer son ami Kazan et ce sera aussi la première rencontre entre Marilyn et Arthur Miller. Marilyn ne tarde pas à avoir une liaison avec Elia Kazan, qui est marié, et cela durera jusqu’à l’été 1951. Marilyn avait déménagé au Beverly Carlton pour y recevoir son amant. Cette liaison lui convenait car, à l’opposé de la période Hyde, Kazan ne lui proposait qu’une aventure et n’avait pas comme projet un divorce et donc encore moins de refaire sa vie avec Marilyn.

Le  film suivant que proposa la Fox à Marilyn est « Love next » (Nid d’amour). Elle y incarne Roberta que l’on verra, légèrement dévêtue avant la prise d’une douche, et faisant une séance de bronzage en maillot de bain deux pièces. Ces deux scènes à elles seules relevèrent le niveau du film. La presse jugea la plastique de Marilyn plutôt que de décortiquer son jeu et elle eut de très bonnes critiques. Elle enchaîna avec le tournage de « Let’s make it legal » (Chéri, divorçons) et une nouvelle fois un rôle de blonde de quelques minutes. Seul plaisir qu’elle trouva sur le tournage : sa rencontre avec un autre acteur débutant, Robert Wagner. Si le film reçu des critiques désastreuses les journalistes signalèrent quand même une belle prestation de Marilyn et cela grâce à ses mensurations.

 e milieu Hollywoodien et ses patrons de studios ne semblent pas croire au potentiel de Marilyn. La Fox produit des films et les scénaristes doivent souvent créer un personnage  au dernier moment pour Miss Monroe. D’une part pour la « caser » mais aussi pour ajouter une touche « sexy » à la production. La presse écrite pourtant ne cesse de faire l’éloge de la belle blonde. Les magazines multiplient les Unes et articles la concernant (Plus de 150 covers déjà enregistrées). Robert Cahn du magazine Collier’s construira un article présentant Marilyn de façon juste, racontant son ascension et bien sûr il ne pût épargner aux lecteurs une description morphologique détaillée de son invitée. Allan Ruppert pour Look lui consacrera une longue interview ornée de nombreuses photos. Son portrait sur Marilyn sera très élogieux et à l’image de ce qu’elle représentait vraiment à cette époque.

A l’automne 1951 Marilyn cherchant sans cesse à améliorer son jeu d’actrice s’inscrit au court d’art dramatique de Michael Chekhov. Ce professeur lui avait été recommandé par Jack Palance. Marilyn continue en parallèle à suivre les enseignements de Natasha Lytess.

La Fox n’a plus de film à proposer à Marilyn et prête son actrice au studio RKO pour la réalisation du film « Clash by night » (Le démon s’éveille la nuit) réalisé par Fritz Lang. Ce film est sans doute le premier où Marilyn peut s’exprimer autrement qu’à travers un personnage de blonde fatale ou écervelée. Ses cheveux sont plus courts et ses tenues n’ont rien de glamour.  Elle est à l’opposé de tout ce que l’on a pût lui faire tourner jusqu’à présent et cela devient même du contre-emploi ! Lang notera que Marilyn vivait dans l’insécurité de son rôle tout en sachant l’impact qu’elle pouvait produire une fois que le moteur tournerait. Marilyn resplendit devant la caméra mais se torture derrière. Elle joue le rôle de Peggy, une employée de conserverie de poisson. Fritz Lang et une partie des acteurs voient d’un mauvais œil la présence de Natasha Lytess constamment dans le sillage de Marilyn. Pour eux c’est elle, par ses jugements, qui empêchent Marilyn de s’exprimer naturellement et diminue ainsi ses performances. Mais l’actrice ne peut s’évaluer elle-même et a sans arrêt besoin de l’avis de Natasha pour valider ou non sa prestation. Elle fait donc valoir sa clause du contrat avec la Fox lui garantissant la présence de son coach sur le plateau.

Après son prêt à la RKO la Fox récupère Marilyn. Au vu des bonnes critiques la concernant pour son rôle de Peggy les patrons du studio commencent à changer leur jugement et sont prêts à lui accorder beaucoup plus de considération. La carrière de Marilyn Monroe pouvait débuter…enfin.

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